Un road trip peut être une mini-extension de l'amitié. C'est un véritable écosystème. Lorsqu'on réunit des personnes partageant les mêmes idées, elles peuvent tellement s'intégrer les unes aux autres que, même après quelques jours, elles continuent à avancer avec un seul objectif : la même direction et la même ligne.
Juste après le Deus Slidetoberfest, quelques-uns d'entre nous, partageant les mêmes idées, ont eu envie de voyager. Une petite aventure pour se défouler. Faute de temps, nous avons fixé nos objectifs et notre destination, Lombok, une île voisine, pas si difficile à atteindre.
Sous un voile d'obscurité, nous avons démarré nos motos et avons pris la mer sur les autoroutes nocturnes et désertes, traversant la ville, pour déboucher sur la route qui mène à Pandang Bai. Nous avons traversé la nuit silencieuse d'un bout à l'autre de Bali, bercés par le rugissement de nos pots d'échappement. Nous avons embarqué sur le ferry rouillé mais fiable de Lombok, les motos chargées de planches, de sacs, de snacks et d'autres biens essentiels, dont une cargaison d'outils.
Nous nous sommes dépêchés de trouver un coin sur cette carcasse d'acier, notre coin, à l'abri du vent et des intempéries, et de faire une petite sieste pendant les quelques heures que dure la traversée. L'aube menaçait le ciel sombre lorsque, sans crier gare, nous sommes remontés en selle, l'adrénaline tempérée par le café instantané, le regard vitreux mais concentrés sur notre destination matinale. Les yeux rivés sur le prix, les gars !
Le vent dans les cheveux, les animaux et les gens qui s'éveillaient retenaient notre attention. Nous roulions en groupe, la tête se déplaçant autour du peloton. Nous cherchions à nous positionner. Un moment de détente avant le gros du trafic matinal, et nous dominions la route en traversant des villages et en empruntant plusieurs sentiers. Avant même de nous en rendre compte, nous nous levions de nos sièges en attendant les vagues matinales. Les provisions étaient empilées dans la cabane. L'usure de la route avait fait place à l'eau. Glissades, boue, claquements, avant qu'une courte balade en balancier ne nous amène à une petite file. Rien d'exceptionnel, mais tout de même parfait. Juste ce qu'il fallait. Nous avons plongé pour en profiter pleinement.
Après une séance tranquille, à échanger des vagues et à glisser entre les vagues déchaînées, nous sommes retournés au bateau, puis au village. Le repas, le makan, était au programme, et nous nous sommes attelés à des assiettes de cuisine locale. Après que chacun eut eu son compte, une fois de plus, en groupe, nous sommes retournés à notre cabane, cette fois pour une petite sieste, un moment pour reposer nos corps fatigués par la route.
C'était presque comme si quelqu'un avait claqué des doigts, car nous nous sommes tous réveillés en même temps. Nous avions tous hâte d'explorer. Il nous fallait des vagues un peu plus fortes… Une carte fut sortie et les oracles du groupe consultèrent. Un plan fut élaboré. Nous avons éliminé le superflu pour la section suivante. Pour partir à la recherche de quelque chose d'un peu plus imposant, il nous fallait sortir un peu des sentiers battus. L'Indonésie est une terre d'aventures, mais nous étions loin de nous douter du chemin à parcourir pour y arriver.
Au départ sur l'asphalte, les routes se sont vite transformées en terre battue, parsemée de gros nids-de-poule. Le poivrage a laissé place à un peu de mordant avant que l'ensemble ne ressemble à un lit de rivière. Un lit vraiment bosselé. Nous avons accéléré dans les montées et les descentes, en faisant attention à ne pas griller nos embrayages, mais pas au détriment du plaisir. Des courses de côtes soulevant autant de poussière que possible. Des détours pour se distraire sur les petits chemins de terre, pour admirer le paysage ou juste pour rigoler. Notre excellente forme a transformé une randonnée qui aurait dû durer une heure en trois heures.
Arrivés, les paupières couvertes de débris, nous avons arraché la route pour contempler la baie et découvrir que les dieux de la mer avaient conspiré contre nous. Une forte rafale de vent soufflait sur le rivage. Nous avons roulé jusqu'à la baie. Le bruit de nos vélos dans le paisible village a fait lever quelques têtes et quelques habitants sont venus nous saluer. Ils n'ont pas tardé à nous raconter la vieille histoire de notre arrivée hier.
Nous nous sommes reposés un moment. Nous avons arraché une nouvelle couche de peau tout en nous nettoyant un peu et avons bu quelques litres d'eau chacun. L'intérêt de nos nouveaux amis a incité les moins timides du groupe à faire une petite démonstration de vélo sur sable. Nous avons dévalé la plage à toute vitesse, tour après tour. Le sable jaillissait, les sourires s'écarquillaient jusqu'aux oreilles. Nous sentions la chaleur s'estomper tandis qu'une brise marine rafraîchissante se levait. Si nous voulions être de retour à la cabane avant la tombée de la nuit, il nous faudrait partir vite. Après les adieux, nous sommes repartis pour le long voyage du retour. Nous avons atteint le sommet de la colline alors que le soleil disparaissait à l'horizon. Nous n'avions pas encore profité du coucher de soleil, mais c'était assurément l'endroit idéal pour ce matin.











